Dans un contexte où les organisations doivent s’adapter rapidement aux évolutions technologiques, à la digitalisation et aux pénuries de compétences, la reconversion et la mobilité interne deviennent des leviers stratégiques majeurs pour les services RH. Former plutôt que recruter permet non seulement d’optimiser les coûts, mais aussi de renforcer l’engagement des collaborateurs et la résilience globale de l’entreprise. Toutefois, pour qu’une politique de formation soit réellement perçue comme un investissement — et non comme une dépense — les RH doivent être en mesure d’en mesurer précisément le ROI.
Sommaire
- 1 Pourquoi mesurer le ROI formation est indispensable
- 2 1. Identifier les coûts directs et indirects de la formation
- 3 2. Définir les gains attendus de la mobilité interne
- 4 3. Méthode de calcul du ROI formation
- 5 4. Suivre l’impact à 6, 12 et 24 mois
- 6 5. Pourquoi la mobilité interne est souvent plus rentable que le recrutement externe
Pourquoi mesurer le ROI formation est indispensable
Historiquement, les formations étaient souvent évaluées à travers des critères qualitatifs : satisfaction, sentiment de montée en compétences ou d’évolution professionnelle. Ces éléments restent importants, mais ils ne suffisent plus. Les directions financières, les comités exécutifs et les responsables opérationnels attendent désormais une mesure tangible de la performance.
Le ROI formation permet de répondre à plusieurs enjeux :
• justifier les budgets auprès de la direction,
• prioriser les dispositifs qui génèrent le plus de valeur,
• démontrer l’impact réel de la mobilité interne,
• identifier les leviers qui accélèrent l’employabilité,
• réduire les coûts liés au turnover et au recrutement externe.
Dans un contexte de tension sur certains métiers, notamment dans le numérique, la santé ou la relation client, pouvoir calculer cet impact est devenu un facteur clé de compétitivité pour les entreprises franciliennes comme pour les organisations nationales.
1. Identifier les coûts directs et indirects de la formation
Pour calculer un ROI formation fiable, la première étape consiste à recenser tous les coûts associés :
Coûts directs :
• prix de la formation,
• coûts pédagogiques annexes (supports, certification…),
• frais de déplacement ou d’hébergement si nécessaire.
Coûts indirects :
• temps d’absence du salarié,
• mobil mobilisation du manager,
• ressources internes mobilisées (RH, tuteur, référent technique),
• investissement matériel (logiciels, licences…).
Cette vision globale permet de déterminer l’investissement total réellement engagé dans la mobilité interne ou la reconversion.
2. Définir les gains attendus de la mobilité interne
La reconversion ou l’évolution interne génèrent plusieurs types de bénéfices que les RH doivent quantifier :
Gains financiers directs :
• économies sur les recrutements externes, souvent coûteux,
• réduction du turnover (donc baisse du coût de remplacement),
• amélioration de la productivité dans le nouveau poste,
• montée en compétences sur des métiers en tension.
Gains indirects :
• meilleure fidélisation des collaborateurs,
• réduction des risques de désengagement,
• valorisation de la marque employeur,
• création d’un environnement propice à l’apprentissage continu.
Ces bénéfices sont parfois plus difficiles à quantifier, mais essentiels dans l’analyse globale.
3. Méthode de calcul du ROI formation
La formule la plus utilisée est la suivante :
ROI (%) = [(Gains générés – Investissement total) / Investissement total] × 100
Exemple concret :
Une entreprise investit 4 000 € dans la formation d’un salarié pour évoluer vers un poste en tension.
Elle évite un recrutement externe estimé à 8 000 € (annonces, temps RH, onboarding, délais…).
Le gain net est donc de 4 000 €.
ROI = (4 000 / 4 000) × 100 = 100%.
Le salarié évolue, l’entreprise économise et la durée de prise de poste est souvent plus rapide que pour un recrutement externe.
4. Suivre l’impact à 6, 12 et 24 mois
Le ROI formation n’est pas toujours immédiat. Un bon suivi doit intégrer plusieurs paliers :
• à 3 mois : intégration dans le nouveau poste, satisfaction, montée en autonomie,
• à 6 mois : productivité, contribution au service, réduction de la charge des équipes,
• à 12 mois : performance complète, stabilité dans le nouveau rôle,
• à 24 mois : fidélisation et évolution potentielle.
Cette approche progressive permet aux RH d’objectiver réellement les bénéfices de la mobilité interne ou de la reconversion.
5. Pourquoi la mobilité interne est souvent plus rentable que le recrutement externe
Recruter en externe coûte cher et prend du temps, surtout sur des métiers en tension. À l’inverse, accompagner un collaborateur existant :
• réduit les délais,
• limite les erreurs de recrutement,
• améliore l’engagement,
• s’inscrit dans une logique de GPEC durable.
Le ROI est souvent bien supérieur, à condition que la formation soit bien choisie, bien financée et bien suivie.